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Tauragė (en allemand : Tauroggen) est une ville industrielle de Lituanie et la capitale de l’apskritis de Tauragė.

Sa population en 2005 est de 28 504 habitants. Tauragė se situe sur la rivière Jura, près de la frontière avec la Russie (oblast de Kaliningrad) et non loin de la mer Baltique. Tauragė reçut le titre de cité en 1932 et son blason en 1997. Plusieurs bâtiments de la ville ont de l’importance, dont le palais néo-gothique Radziwiłł, le « château » (qui abrite aujourd’hui une école et le musée régional "Santaka"). Honoré de Balzac y a séjourné avec la Comtesse Hanska en 18431. Les édifices religieux les plus importants sont ; l'église luthérienne (1843), l'église l’orthodoxe (1853) et l'église catholique (1904). La ville possède aussi une manufacture de céramique.


Honoré de Balzac y a séjourné avec la Comtesse Hanska en 1843.

Balzac a effectué un voyage à Saint-Pétersbourg en 1843, et deux voyages en Ukraine (Septembre 1847 – Janvier 1848 et Octobre 1848 – Avril 1850). C’est au cours de ce deuxième voyage que Balzac se marie (enfin !) avec la comtesse Ewelina Hańska (ci-dessous), le 2/14 Mars 1850, laquelle était l’objet principal de ces voyages.

Balzac quitte Dunkerque le 21 Juillet 1843 sur le vapeur Devonshire et arrive à Saint-Pétersbourg le 29. Il quittera la capitale russe le 7 Octobre par la malle-poste, et traverse rapidement les provinces baltes puisqu’il est dès le 10 Octobre à Taurogen (Tauragė) et à Berlin le 14 Octobre.

Au passage, on constate que les conditions de couchage n’ont dû guère évoluer depuis les récits des voyageurs du XVIIIe siècle, puisqu’il précise qu’il trouve à l’Hôtel de Russie à Berlin « le premier lit qui ressemble à un lit depuis qu{‘il a} quitté Dunkerque » !

On connait mieux ce voyage retour de Balzac grâce à un jeune sculpteur russe, Ramazanoff, qui voyageait dans la même malle-poste que Balzac pour se rendre à Rome. Les voyageurs passent à Narva, Dorpat (aujourd’hui Tartu), Walki (sans doute Walk, aujourd’hui Valga/Valka à la frontière estono-lettone), Wolmar (Valmiera), Riga, Mitau (Jelgava). A Mitau, il s’indigne de « la lavasse que l’on nous avait servie en guise de soupe ». A Taurogen (Tauragė), à la frontière entre la Russie et la Prusse, la sentinelle est absente et il ne voit que deux poules sur la route, ce qui fait dire à Balzac : « Voyez, un grand empire comme la Russie est gardé par des poules » !



Convention de Tauroggen


La convention de Tauroggen fut une trêve signée le 30 décembre 1812 à Tauroggen entre le général prussien Ludwig Yorck von Wartenburg et le général de l'Empire russe d'origine allemande von Diebitsch : cette convention marque le début du retournement d'alliance de la Prusse contre Napoléon Ier.

En effet, selon le traité de Tilsitt, la Prusse devait soutenir l'invasion de la Russie par Napoléon et fournir un corps d'armée de 20 000 hommes, ce qui provoqua des défections dans l'armée prussienne, comme celle de Clausewitz qui rejoignit l'armée impériale russe.

Quand le maréchal français Macdonald, chef du 10e corps, sous les ordres duquel était placé Yorck, se retira devant l'armée de Diebitsch, Yorck se retrouva volontairement isolé en novembre 1812 et, au lieu de se battre, entama des négociations avec le général Essen, gouverneur de Riga, puis son successeur, le marquis Filippo Paulucci, et finalement Clausewitz.

Ils signèrent alors, sans avoir recueilli l'accord du roi Frédéric-Guillaume III de Prusse, une convention qui déclarait neutre le corps d'armée prussien alors fort de 18 000 hommes1. Le roi désavoua Yorck, le démit de ses commandements et le traîna en cour martiale. Le général fut finalement absous quand la Prusse se rangea définitivement du côté de la Russie après le traité de Kalisz, deux mois plus tard.

Le traité marque la renaissance de la puissance militaire prussienne, abattue par les victoires françaises des années 1806 et 1807. Elle marque, dans le même temps, le début de la défaite finale, diplomatique et militaire, du Premier Empire avec la révolte des États vaincus par celui-ci.

Texte de la convention

« Cejourd'hui les soussignés, savoir, le commandant en chef du corps auxiliaire prussien, lieutenant général d'Yorck, d'un côté, le quartier-maître général de l'armée impériale russe sous les ordres du comte de Wittgenstein, général major de Diebitsch, de l'autre, après mûre délibération, ont passé la convention qui suit :

Art 1er. Le corps prussien occupera dans l'intérieur du territoire prussien la ligne le long de la frontière depuis Memel et Nimmertat jusqu'à la route de Woinuta à Tillsit. Depuis Tillsit, la route qui passe par Schillapischken et Melanken jusqu'à Labiau, y compris les villes qu'elle touche, déterminera l'étendue du pays que doit occuper le susdit corps prussien. Ce territoire sera borné de l'autre côté par le Currish-Haff, de manière que toute cette étendue sera considérée comme parfaitement neutre tant que les troupes prussiennes l'occuperont. Il est bien entendu que les troupes russes pourront aller et venir sur les grandes routes précitées, mais elles ne pourront prendre leurs quartiers dans les villes de cet arrondissement.

Art 2. Les troupes prussiennes resteront en parfaite neutralité dans l'arrondissement désigné article 1er, jusqu'à l'arrivée des ordres de S. M. le roi de Prusse ; mais elles s'engagent, dans le cas où ladite majesté leur ordonnerait de rejoindre les armées impériales françaises, de ne pas combattre durant l'espace de deux mois, à dater du présent jour.

Art 3. Dans le cas où S. M. le roi de Prusse ou S. M. l'empereur de toutes les Russies refuseraient de ratifier la présente convention, le corps prussien sera libre de se porter là où les ordres de son roi l'appelleront.

Art 4. On rendra au corps prussien tous les traîneurs que l'on trouvera sur la grande route de Mittau, et également tout ce qui fait partie du matériel de l'armée. Quant à la branche des approvisionnements et du train dudit corps, tout ce qui la compose pourra traverser sans obstacle les armées russes pour rejoindre Kœnigsberg, ou de plus loin, le corps d'armée prussien.

Art 5. Dans le cas où les ordres du lieutenant général d'Yorck pourraient encore atteindre le lieutenant général de Massenbach, les troupes qui se trouvent sous le commandement de ce dernier seront comprises dans la présente convention.

Art 6. Tous les prisonniers que pourraient faire les troupes russes commandées par le général major de Diebitch sur les troupes du général de Massenbach seront également compris dans cette convention.

Art 7. Le corps prussien conservera la faculté de concerter tout ce qui est relatif à approvisionnement avec les régences régionales de la Prusse, le cas non excepté où ces provinces seraient occupés par les armées russes.

La convention précitée a été expédié en double et munie de la signature et du sceau particulier des soussignés.

Fait au moulin de Poscherun, le 18/30 décembre 1812.

Signé :

Von Yorck
Lieutenant-général au service de la Prusse

Von Diebitsch
Major général au service de la Russie


Histoire

Occupée par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale, elle est secouée par des troubles révolutionnaires en 1918-1919 et fait partie de la nouvelle Lituanie indépendante en 1918. À nouveau occupée par les Allemands en 1941, puis par les Russes, elle fait partie de l'URSS et de la RSS de Lituanie, jusqu'en 1991, à l'indépendance de la nouvelle république de Lituanie.

Le 2 juillet 1941, des hommes de la Gestapo et le Sicherheitsdienst assassinent 133 hommes de la ville dans une exécution de masse, principalement des juifs et quelques communistes.

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